Pour ceux qui ont raté le "grignotage" de décembre...

La littérature à table

Jeudi 18 décembre, une vingtaine de personnes se sont retrouvées dans les salons très accueillants du Brit’hotel pour un nouvel opus de notre « Passe-moi le mot » désormais mensuel. Des visages connus : un certain nombre de participants fidèles semble ne pas se lasser de ces rendez-vous ! Mais aussi de nouveaux arrivants, curieux de savoir ce que sont nos grignotages littéraires, puisque la formule est ouverte à tous.

Le thème choisi pour la soirée ne pouvait pas mieux tomber puisque M. et Mme Bourgade, nos hôtes du Brit’hotel, nous avaient concocté un délicieux apéritif dinatoire qui nous a mis d’emblée dans le vif du sujet.

Pour démarrer les réjouissances, quoi de plus évident que Rabelais dont Elisabeth Hello a pris un plaisir manifeste à nous lire un extrait tiré de Gargantua, dans lequel nous suivons les goûts et appétits de Gargamelle, enceinte, qui se délecte (non, qui se bâfre) de tripailles variées.

Pour ceux qui ont raté le "grignotage" de décembre...

Mireille Blondel a choisi de nous lire un extrait de Personne ne me volera ce que j’ai dansé, de Hélène Darroze, jeune chef réputée, dans lequel il est question de souvenirs d’enfance et notamment une description saisissante de l’égorgement d’un cochon.

Vincent Flochel nous a proposé de revisiter le traditionnel beefsteak-frites en compagnie de Roland Barthes, qui le voit comme faisant partie d’un mythe alimentaire et le fait figurer en bonne place de ses Mythologies.

Régine Le Dantec nous a régalés avec un savoureux extrait de Une Gourmandise, de Muriel Barbery. Dans cet extrait, le narrateur, critique gastronomique réputé, vivant ses derniers instants, cherche à se rappeler ce qui a déterminé sa vie professionnelle. Et nous livre à cette occasion un vibrant plaidoyer pour la chouquette -de préférence de supermarché- et je suis prête à parier que beaucoup d’entre nous ont cédé à cette tentation dès le lendemain tant la lecture de Régine était convaincante.

Pour ceux qui ont raté le "grignotage" de décembre...

Bernadette Guillouet nous a lu quelques extraits de son recueil Les Mains sur la couverture, interventions en forme de « petites annonces sucrées », finesse et humour en demi-teinte.

Aimée Arros est venue avec un livre-somme : 2000 ans de festins, les grandes dates de l’histoire à travers les menus, et a choisi de s’arrêter en Chine au IIIème siècle pour évoquer les contingences pratiques qui ont conduit à l’invention du wok.

David Delemer est venu en compagnie d’Amélie Nothomb, Métaphysique des tubes, et nous a lu l’extrait dans lequel l’auteur avoue être vraiment née à l’âge de deux ans et demi, au moment de déguster un bâton de chocolat blanc, extase fondatrice !

Robert Blondel a choisi Hubert Mingarelli, pour son livre Un Repas en hiver, dans lequel le repas, bien que pris dans des circonstances terribles, se révèle là aussi, être le lieu du partage et de l’humanité retrouvée.

Françoise Gehannin a pris grand plaisir à nous lire deux extraits de Madame Bovary, de Gustave Flaubert, descriptions de festins offerts dans des lieux et circonstances différents mais construits en miroir l’un de l’autre.

Isabelle Delemer avait emporté dans son sac le Petit Traité romanesque de cuisine de Marie Rouanet. Cet ouvrage délicieux présente des recettes familiales traditionnelles, pralines, caramels, nougats de Noël, mêlant subtilement les conseils culinaires aux réflexions plus symboliques notamment sur le sujet de la transmission.

Vincent Larnicol nous a fait froid dans le dos en évoquant Hélène Jégado, la célèbre empoisonneuse bretonne dont la spécialité était les gâteaux à l’arsenic ou à la belladone, en nous lisant un passage de la biographie romancée que Jean Teulé lui a consacrée : Fleur de tonnerre.

Corinne Dirmeikis a choisi d’emporter avec elle Les Sept Piliers de la sagesse, de Thomas Edward Lawrence, dans lequel l’auteur consacre un long chapitre aux festins commandés par l’hospitalité bédouine. Beaucoup d’humour dans les descriptions, mais de quoi couper l’appétit à nos estomacs occidentaux. Toutes ses excuses aux végétariens présents ce soir-là…

Vincent Flochel a choisi d’évoquer, après les divers plaisirs de la table, les affres de la frustration et la nourriture comme levier de pouvoir manié avec une immense perversion par le personnage de la mère dans L’Enfant de Jules Vallès.

Un tour d’horizon large et varié des pratiques alimentaires dans le temps et dans l’espace vu au prisme de la littérature, dans toutes ses dimensions, culturelles, symboliques, gastronomiques … bref une soirée riche et précieuse.

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