Les présidents se dévoilent

VERONIQUE OVALDÉ : La qualifier de “reine du mot juste” ne suffit pas pour rendre hommage à son talent. Elle a le don, inimitable, de capter un état d’âme en suggérant une attitude, de camper une ambiance en une phrase, ligne à la fois fluide et précise. Après nous avoir conduits en des lieux presque imaginaires et en des temps presque inidentifiables – mais tout est dans le “presque” – elle change de registre avec La Grâce des brigands. Nous sommes à Los Angeles dans les années 70, 80, où Maria Cristina, devenue romancière à succès, accepte (pourquoi ?) de renouer avec les affres de sa vie familiale dans une bourgade canadienne glaciale et anxiogène. Les racines de la douleur seraient-elles les mêmes que les racines de la réussite ? Comme toujours chez Véronique l’humour se mêle au tragique. C’était le cas dans ses succès précédents, comme Ce que je sais de Vera Candida ou Des vies d’oiseaux, c’est encore plus abouti dans La Grâce des brigands.

BJÖRN LARSSON : Auteur l’an dernier, en complicité parallèle avec Yvon Le Men, de Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers, sa réussite dans le polar humaniste ne pouvait surprendre que ceux qui avaient oublié la multiplicité de ses dons. Auteur de romans d’aventures comme Long John Silver, de méditations comme Le capitaine et les rêves ou de réflexion en forme de nouvelles comme Le rêve du philologue, cet écrivain de stature internationale, le plus français des Suédois, nous fait le plaisir de revenir parmi nous ; qui plus est il animera une table ronde sur les écrivains étrangers et la langue française.

HERVÉ HAMON : Il a “combattu” sur tous les fronts, journaliste d’investigation ou écrivain enquêteur. Il s’autorise des travaux plus personnels qui, presque toujours, le rattachent à la mer, son vrai pays. Romans, nouvelles, reportages, au total vingt titres toujours très remarqués, qui ne freinent pas ses passions d’éditeur et d’enquêteur. Avec son dernier titre, Ceux d’en haut, une saison chez les décideurs, il décortique les rouages du pouvoir, du vrai, celui qui s’exerce dans les milieux économiques. Né à Saint-Brieuc, il n’a pas oublié ses racines puisque c’est en grande partie sous son patronage que s’est construite la première édition des Escales de Binic.