Compte rendu du « grignotage littéraire »  du 19 mai 2016

Compte rendu du « grignotage littéraire »

du 19 mai 2016

consacré à Marie Sizun

En raison des mouvements de grève touchant la SNCF, il n’a pas été possible à Marie Sizun de se joindre à nous ainsi qu’il était prévu. Elle en a été profondément désolée et s’en est excusée auprès de nous. Passé le moment de déception partagée, bien compréhensible, nous avons décidé de maintenir la soirée, qui avait été préparée par mes soins et réservée auprès du Brit’hôtel.

Informées, les personnes qui s’étaient inscrites à cette soirée ont parfaitement compris la situation et ne se sont pas décommandées : et elles ont bien fait car nous avons passé une excellente soirée. Quelques-uns d’entre nous étaient déjà familiers de l’œuvre de Marie Sizun pour avoir lu un ou plusieurs de ses ouvrages. D’autres venaient pour découvrir cet auteur et trouver des pistes de lecture.

Marie Sizun est née en 1940. Après des études de lettres, elle a enseigné notamment en Allemagne et en Belgique. Elle avait l’habitude d’écrire des textes courts, mais c’est après avoir pris sa retraite et son retour à Paris en 2001, que Marie Sizun a commencé à écrire des romans. Romans qui ont été très vite remarqués et ont reçu de nombreux prix. Ils sont publiés par les éditions Arléa.

Son travail s’organise autour d’un certain nombre de thèmes récurrents, parmi lesquels les plus présents sont : la mémoire, l’enfance, les lieux. Marie Sizun excelle dans ces explorations et, à partir d’expériences personnelles, réussit à trouver des échos chez chacun d’entre nous. Grâce à l’extrême délicatesse de son regard, la finesse des relations humaines est mise à jour et les choses apparaissent alors toujours plus profondes et plus complexes que ce que l’on aurait pu imaginer.

Son style limpide, classique, d’apparence simple, mais forcément très travaillé, favorise une lecture fluide, toute en souplesse. Les chapitres courts s’enchaînent vivement, souvent conclus de façon percutante et laissant le lecteur dans une émotion palpable.

Après cette présentation générale, nous avons évoqué six des huit romans déjà parus, le neuvième étant prévu pour la rentrée 2016. Ces présentations ont été agrémentées de lectures d’extraits, faites par les participants volontaires.

Le Père de la petite (2005)

Après des années de captivité, le père revient de la guerre et rencontre son enfant pour la première fois. Il retrouve son épouse, mais les retrouvailles sont impossibles et le couple se déchire sous le regard de l’enfant. Marie Sizun nous offre un très beau portrait de femme, cette mère adorée par son enfant, et qui se débat dans un maelström émotionnel. Et c’est un travail de dentelière qui nous est proposé : la précision du souvenir, la finesse des émotions, la délicatesse du regard, tout concourt à nous faire vivre cette tranche de vie au plus près des émotions de l’enfant. Il s’agit véritablement d’une lecture du monde à hauteur d’enfant, avec les émotions, les interrogations, les incompréhensions, la logique et les rébellions propres à l’enfance.

Éclats d’enfance (2009)

Sommes-nous dans un roman ou dans une cartographie des lieux d’enfance ? Nous retrouvons ici les personnages de Le Père de la petite, mais alors que dans ce dernier, le récit était surtout centré sur l’appartement et le trio familial, il s’ouvre ici sur les lieux de découverte de l’enfant qui grandit, étend son territoire et sa liberté. Il s’agit de se servir de la carte comme d’un support de mémoire, les noms de lieux renvoyant à des souvenirs qui s’organisent en strates superposées au gré des déambulations de la narratrice.

Plage (2010)

La voix intérieure de la narratrice s’adresse à l’homme aimé, mais absent. Elle l’attend. Roman de l’absence, de l’attente. Pour combler le vide, cet ennui qui ne veut pas s’avouer, la femme se pose en observatrice de ce microcosme très particulier qu’est la plage estivale, et nous livre un superbe camaïeu d’impressions, d’émotions, d’observations très fines qui nous renvoient forcément à un vécu personnel.

Un léger déplacement (2012)

Après 35 ans d’absence, une femme revient à Paris sur les lieux de son enfance et de sa jeunesse, pétrie des certitudes qui étaient les siennes alors. Et petit à petit, tout ce qu’elle croyait savoir, ce qu’elle pensait avoir compris, va se révéler autre : plus subtil, plus profond, plus complexe. Par la grâce d’un léger déplacement de la conscience, de la perspective, les choses vont prendre une place autre et dévoiler des mystères inattendus.

Un jour par la forêt (2013)

Dédié « aux enfants solitaires », Un jour par la forêt est un roman d’apprentissage qui se déroule principalement sur une journée au cours de laquelle on suit le cheminement de Sabine, une collégienne de 11 ans, qui risque de se perdre mais qui se retrouve. C’est aussi le portrait sans concession d’un certain type d’enseignants et des ravages d’un enseignement aveugle. Mais comme toujours avec Marie Sizun, rien n’est jamais figé et même les personnages les plus outrés ont une chance d’évoluer. C’est aussi un message de foi dans l’avenir, dans les rencontres déterminantes, dans ce fameux « léger déplacement » qui fait ouvrir les yeux et changer la perspective.

La Maison-Guerre (2015)

Réfugiée chez des parents âgés, au plus noir de la guerre, dans l’abri tout relatif d’une demeure provinciale, une petite Parisienne de 4 ou 5 ans apprend à vivre sans sa mère dans l’ombre d’un lourd secret dont elle va petit à petit dénouer tous les fils. Les thèmes de prédilection sont bien là : l’enfance, les lieux dans la précision physique de leur présence, la richesse et la complexité des liens et des mystères.

Le prochain roman de Marie Sizun paraîtra à la rentrée 2016 ; il s’intitule La Gouvernante suédoise.

Notre prochain rendez-vous est fixé au 23 juin prochain, 19h30.

Ce sera le dernier grignotage de la saison 2015-2016.

Nous nous retrouverons au Vacanciel pour un partage poétique autour d’une conférence proposée par Mérédith Le Dez et Paul Dirmeikis :

« Dix voix de la poésie en Bretagne ».

Ils présenteront dix poètes de Bretagne au travers d’un choix de poèmes tour à tour dits par Mérédith ou chantés par Paul.

À très bientôt donc.

Bien amicalement,

Corinne Dirmeikis

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