Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Compte rendu du grignotage littéraire du jeudi 29 janvier 2015 au Brit’hotel le Galion, Binic

« L’amour dans tous ses états » : on ne pouvait pas se tromper avec un thème comme celui-là. Quatre-vingt-dix pour cent (au bas mot) de la littérature traitent de ce sujet, avec une étendue infinie de variations, de complexité, de subtilités.

Les participants à cette soirée s’en sont donc donné à cœur-joie et ont amené en partage des pages d’amour qui donnent un éclairage ample et varié sur le sujet.

Aimée Arros a commencé par l’évocation d’un roman de Rétif de la Bretonne, La Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans. « C’est la découverte, avec la jalousie, de l’illusion amoureuse, du mirage de l’amour, toujours déçu et toujours renaissant. C’est aussi la prise de conscience brutale de la vieillesse, du corps qui cesse d’être désirable : la fin d’une carrière de séducteur. Ce très beau roman, mélancolique et jamais moralisateur, est une ode à la jeunesse et à l’amour perdus. » (Merci à la 4ème de couverture)

Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Elisabeth Hello est venue avec L’Amant, de Marguerite Duras et nous en a lu un extrait qui a fait rosir plus d’un participant.

Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Vincent Larnicol a choisi, de Serge Joncour, L’Amour sans le faire, chef-d’œuvre de douceur et de finesse avec un extrait très caractéristique de ces deux qualités-là.

La soirée fut ponctuée de quelques citations égrenées avec une certaine gourmandise par Vincent Flochel :

« L’amour platonique est à l’amour charnel ce que l’armée de réserve est à l’armée active. » Pierre Dac.

Véronique Guilhouët a lu quelques-uns de ses poèmes, extraits de son recueil Encore, qu’elle a qualifié de poésie "coquine" et qui retrace en poésie le parcours d’une femme à la découverte de son corps.

Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Paul Dirmeikis a lu un extrait d’un roman épistolaire de Marcel Moreau, Écrits du fond de l’amour. Écrivain trop méconnu, se revendiquant de trois obsessions : ivresse de l’amour, de l’écriture, de l’alcool, auteur d’une œuvre au style volcanique et lyrique à découvrir.

Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Paul a également apporté un livre de Philip Roth, La Bête qui meurt, court roman poignant sur la passion dévorante d’un homme âgé pour sa jeune maîtresse, et qui définit avec une précision chirurgicale les tourments de la jalousie, du manque, de l’absence de l’autre ressentie même en sa présence.

Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Simone Ruellan est venue avec le dernier Prix Goncourt : Pas pleurer, de Lydie Salvayre. Roman d’amour tous azimuts, amour pour la mère, pour la vie, pour l’amant. Roman remarquable également par le travail sur la langue, qui mêle dans un même mot des sonorités issues de plusieurs idiomes.

Martine Picot et Dominique Luette ont choisi de présenter à deux voix un recueil de poèmes de Gilles Galion, En vers et pour elle - Le Petit Livre rouge des amants.

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Françoise Gehannin a évoqué Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes et nous en a lu deux extraits : L’attente, et Les lunettes noires. Cet essai se veut une proposition de cheminements et d’explorations qui peuvent expliquer ou du moins éclairer toute expérience de l’amour en relation avec le langage.

Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Corinne Dirmeikis a souhaité partager un texte qui, bien que très connu, génère toujours la même émotion. Il s’agit de la Lettre ouverte, que Julos Beaucarne adressa à ses amis bien aimés un soir de février 1975 après l’assassinat de sa Loulou. En écho et en réponse aux démonstrations de barbarie ici ou ailleurs.

" (...) Je pense de toutes mes forces qu'il faut s'aimer à tort et à travers."

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Robert Blondel a choisi rien de moins que « peut-être la plus belle, la plus profondément violente des histoires d’amour » : c’est ainsi que Georges Bataille définit Les Hauts de Hurlevent d’Emilie Brontë. Robert a également partagé son émotion et son admiration pour Ernest Hemingway, capable en quelques mots de dire un désespoir qui se cache : Le Soleil se lève aussi.

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Vincent Flochel nous a donné envie de lire Véronique Olmi : auteur de pièces de théâtre et de romans, et en particulier Le Premier Amour, roman sur les relations familiales, sur l’inattendu, la liberté et le hasard qui en déclenche sa réappropriation.

Par la voix de Philippe Jaenada, Vincent Larnicol a dressé un portrait d’amour déjanté, démentiel, outré, plein de bruit et de fureur, l’amour dans TOUS ses états : Le Cosmonaute.

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Vingt ans avant Duras, Mireille Sorgue avait écrit L’Amant. Encore un livre de chevet de Françoise Gehannin. L'Amant de Mireille Sorgue est de la lumière mise sur papier. Long poème fragmenté, mêlant prose et poésie, ce livre n'existe pas. Il s'est achevé lorsque Mireille Sorgue est tombée du rapide Paris-Toulouse, le 17 août 1967. Elle avait 23 ans :" Je crois que la mort seule peut me finir mon enfance / Je crois que la mort m'éternisera dans l'enfance ".

Avec Adolphe, de Benjamin Constant, Françoise Gehannin nous parle des vertiges de l’amour et de la difficulté (impossibilité) de la rupture.

Pour terminer, retour à la poésie avec quelques vers de Barbara dits par Vincent Flochel (qui apportera sûrement sa guitare la prochaine fois) : C’est parce que …

Et enfin un poème de Louis Aragon, mis en musique et chanté par Paul Dirmeikis : Elsa, extrait du Roman inachévé.

Si vous êtes passé(e) à côté de "l'amour dans tous ses états"...

Un grand merci à tous pour votre participation active, votre écoute attentive et vos bonnes idées de lecture.

Prochain rendez-vous le jeudi 26 février dans un lieu à déterminer pour un « Passe-moi le mot » résolument nombriliste : Moi aussi j’écris !

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